blog - pat l'expat au Caire

La petite famille est arrivée cette nuit !

Nuit courte, donc programme pas trop chargé : Citadelle (dont le musée militaire), souk, maison fatimide et parc Al Azhar pour profiter d'une glace au coucher du soleil...

Peinture "allégorique" et monumentale à l'entrée du musée militaire de la Citadelle, Moubarak est bien sûr au centre !!!

Char "original" de Toutankhamon, trouvé en 1922 dans la tombe du jeune pharaon

(Musée militaire de la Citadelle, 08 avril 2007)

Le soir, pour quitter le travail et rentrer à la maison (entre 5 et 15 mn en voiture) il me faut passer deux obstacles de coeur.

Le premier s'appelle Youssef. Il a entre 9 et 11 ans et vends, selon les jours, des colliers de fleurs blanches, rarement odorantes, ou des boîtes de Kleenex. il accourt dès que je sors du boulot et aucune chance de l'éviter, ou d'éviter ses pleurs si jamais il n'obtient pas le maigre pécule qu'il attend de la transaction... Tout est bon pour lui, car c'est déjà un bon vendeur! : Le sourire qui tue, et si nécessaire, le lancer de collier dans l'habitacle de la voiture, ce qu'on appellerait de la vente forcée !!!  :)

Le second n'a pas de nom. C'est un unijambiste posté au premier carrefour. Celui ci ne vends rien, si ce n'est son infirmité qui plaide pour une incapacité évidente à trouver un quelconque travail dans ce pays. Lui aussi sourit...à chaque fois qu'il me voit...

Je suis donc à peu près tous les jours confronté au même dilemne : Dois-je à chaque fois "donner" et créer alors comme un péage psychologique avant le retour bien mérité dans mon home sweet home ?

D'autant plus sweet que le leur ne doit guère l'être...

Parfois je me surprend à m'eclipser discrètement tout feux éteints pour que l'un ne me voit pas, ou accélèrer au bon moment pour n'avoir pas à m'arrêter au dit carrefour.

J'ai alors honte de ne pas donner, tout comme je me sens mal à l'aise de donner à chaque fois !

D'autant plus avec Youssef que j'aide à ma façon à glisser doucement dans un monde peut-etre sans avenir et sans éducation. Est il le pilier de sa famille, est il exploité par un père fainéant ? Toujours les mêmes questions nauséeuses et sans réponses...

Je n'y peux rien, mon coeur se serre, quelque soit le moment, quand je croise mes obstacles de coeur...

(Le Caire, pont de l'Université, 31 mars 2006) 

(Le Caire, février 2005)

(Mokattam, Le Caire, 05 mars 2007)

(Le Caire, mars 2007)

L'album "quartier des tanneurs" est en ligne colonne de gauche

Je ne vous ferai pas un cours magistral sur la tannerie.

Meme si j'ai pu découvrir dans cet atelier la presque totalité des étapes de fabrication (environ une quinzaine), je ne suis pas certain de pouvoir toutes les remettre dans l'ordre.

Après les avoir débarassé de leurs poils, les peaux sont à mi-parcours de fabrication toutes blanches et flasques. Elle sont alors teintées chimiquement, tendues sur des cadres et mises à sècher à l'air libre sur les toits. Les derniers traitements leurs donnent le fini qu'on connait !

Il ne faut pas se fier à la vision de ces ateliers archaiques où des générations de tanneurs se sont succédés : La qualité de ces cuirs est très recherchée et les peaux (celle de vache est la plus prisée) finissent bien souvent dans les ateliers de couture ou chez les maroquiniers européens. 

Quant à l'environnement, rien n'est fait malheureusement  et ce sont des dizaines de tonnes de produits chimiques qui doivent rejoindre le cours du Nil chaque année !!!

Dans le quartier des tanneries du Caire cohabitent 2 industries.

La première dans l'ordre de préséance est celle de la fabrication de la gélatine.

Le collagène est une protéine présente dans les tissus animaux, surtout dans les os et les peaux. Pour l'extraire de ces dernières, les artisants les plongent plusieurs semaines dans des immenses bassines de lait de chaux. Après divers traitements, on obtient un liquide jaunatre et gélatineux qui est versé dans des boites en fer blanc.

Après refroidissement, les cubes obtenus sont trempés dans un bain puis coupés en tranches qui sont disposées à l'air libre sur des clayettes recouvertes de grillages. Ce sont ces fameuses tours que l'on apperçoit de très loin !

Une fois déshydratées, elles sont stockées, puis vendue à la tonne. Cette gélatine, hygièniquement un peu douteuse, à peu de chance de finir dans votre assiette, mais plus surement sur vos pellicules photos ou dans les colles de papier peint...

Il est des quartiers du Caire où personne ne va, mis à part ceux qui y travaillent. Cela faisait longtemps que j'avais aperçu ces droles de tours en bois de l'autre coté de l'ancien aqueduc. Des amis m'avaient dit que c'était là le quartier des tanneurs, peu fréquentable à cause de la saleté, la pauvreté et surtout l'odeur...

Dimanche dernier, c'est avec Rachid que nous avons poussé la porte. Nous avons découvert un quartier très humain qui vit autour de deux industries : La fabrication de gélatine et le tannage, toutes deux issues du traitement des peaux de betes...

Les gens sont évidemment curieux et accueillants, comme partout ou l'étranger se fait rare, les rues sont de boue et l'odeur ma foi reste très supportable (bon d'accord, en plein été cela doit etre un peu plus trash !)

Deux post suivront ce WE.

C'est en 1935 qu'un médecin anglais décida de restaurer ces deux bâtisses du XVIéme et XVIIème siécles en les décorant de tout ce qui pouvait être oriental ! Le tout est un peu éclectique et poussiéreux, mais cela reste un plaisir que de se perdre dans ce dédale de salles et de couloirs. J'ai retrouvé là de nombreux motifs décoratifs qui ornent la chancellerie de l'Ambassade de France...

Située au milieu d'un quartier populaire du Caire, cette vaste mosquée offre un havre de paix et de sérénité. Elle est le plus ancien monument musulman d'Egypte resté en l'état. Construite au IX siécle en briques recouvertes de plâtre, elle fut restaurée au XIII siécle. C'est à cette période que son célèbre et étrange minaret en pierre lui fut adjoint.

Dans de nombreux quartiers du Caire, d'anciennes tombes sont disséminées au milieu des habitations (ou bien les habitations furent construites autour des tombes !!!).

La vie continue donc ainsi parmi les vivants ...

Après le marché aux vètements et celui des animaux de compagnie, nous arrivons à un marché couvert en plein air ! Faut dire qu'il est seulement couvert par la bretelle d'un énorme autopont. Dessous, c'est un désordre indescriptible de grandes cages en bois ou s'ébattent des centaines de canards, pigeons et autres animaux de basse-cour ! La grippe aviaire n'a qu'à bien de tenir !!!

De l'autre coté du pont, une nouvelle planète. Le long d'une voie de chemin de fer désafféctée, se pressent des vendeurs autour de leur stand à meme le sol. On doit s'habituer lentement, juste pour tenter de comprendre ce qu'ils vendent réellement. Tout ne semble en effet n'etre que détritus, tas d'ordures. On a d'ailleurs parfois du mal à déterminer ou se situe la frontière entre le "stand" et le passage en terre battue !!! 

Autant l'autre coté du pont avait son coté grouillant, chamarré et folklo, ici on ressent tout de suite une extrème pauvreté, voir une misère, qui nous à vite mis mal à l'aise.

Nous n'avons pas trainé !

Rencontres heureuses et bien souvent chaleureuses...

Ce marché (à environ 2km au sud de la citadelle) était notre quète de vendredi dernier. Nous avons profité d'une belle journée (depuis, le temps c'est plutot gaté !) pour dénicher cette fameuse destination à peine citée dans les guides. Bienvenu dans un monde parrallèle !!!

En fait, il faudrait dire "marchés" au pluriel, tant les animaux laissent la place à tout ce qui peut-etre vendu : vetements, tissus, chaussures, vaisselle, bibelots, etc...

Coté animaux, nous ne sommes pas en reste : Oiseaux de toutes les couleurs, poissons idem, des chats, des chiens et bien entendu tout les animaux de la ferme. Canards, pigeons, lapins et bien d'autres. Tout cela dans un capharnaum sans nom, le brouhaha habituel et avec une foule si dense que des mains curieuses en viennent à facilement tripoter les rondeurs des rares étrangères qui passent par là !!!

Avec un peu de chance, il parait qu'on y trouve également des espèces plus rares, type araignées ou scorpions. Nous n'avons quand à nous qu'aperçu que deux vivariums peu garnis de quelques petits serpents !!!

Ce couvent se trouve rue El Soufieh, au pied de la Citadelle, dans un quartier qui regorge de vestiges du vieux Caire islamique (comme par exemple dans la meme rue le palais du prince Taz, déja restauré ainsi qu'une immense mosquée en cours de restauration)

Ici, on se rend compte du réel effort des aurorités culturelles pour sauver pierre par pierre un patrimoine extraordinaire, faire (re)découvrir aux Egyptiens la richesse de leur Histoire et offrir par là meme au touriste de passage autre chose que des pyramides...

Les derviches "tourneurs" Mevlevi (confrérie religieuse fondée au 13ème siècle en Turquie) se sont installé au Caire du 17ème siècle jusqu'au début du 20ème) Les moines vivaient dans des cellules isolées et se retouvaient pour les repas ainsi que dans le "samaakhana", vaste salle ronde toute de bois, pour y effectuer leurs danses rituelles.  

Cet ensemble de batiments, en cours de restauration depuis plus de 20 ans (équipe et fonds italiens) abrite également, outre les cellules des moines, une mosquée, un mausolée, une madrassa ... et une école pour former de jeunes Egyptiens aux méthodes de restauration. 

Au nord du souk Khan Khallili, après avoir dépassé Bab-el-Futuh (la porte des Conquètes), on trouve un des derniers ateliers de souffleurs de verre au Caire. La pièce n'est pas très grande et le matériel rudimentaire. Les artisans façonnent ici des verres et de petit vases bleu, jaune, ou marron d'une finition aléatoire ! Le verre est de récupération et les couleurs sont souvent celles d'origine (bouteilles de Seven Up pour le vert, flacons de médicaments pour le marron) sauf pour le bleu pour lequel on ajoute un peu de cobalt. (Ils ne peuvent réaliser la couleur rouge et le verre est teinté après sa réalisation !) 

C'est néanmoins un petit artisanat décoratif et les prix sont tout doux (de 2 à 5 euros la pièce!) Bien entendu les prix doublent ou triples au zouk, à quelques centaines de mètres...

C'est ainsi que nombre d'étrangers nomment ce monument de 187m (il ne les parait pas !!!) érigé par Nasser sur l'ile de Gezira en plein centre du Caire, avec des fonds américains supposé détournés !

Son nom officiel de "la tour du Caire" est aussi fade que l'interet de la construction elle-meme...

A quelques dizaines de mètres de la tour, on trouve ces impressionnants ficus bengalensis.

Le Caire "Fatimide" trouve ses origines à la fin du premier millénaire (969 ap. JC), quand les puissants descendants de Fatima, la fille du prophète, pénètrent à leur tour en Egypte, quelques trois siècles après le début de l'invasion arabe. C'est à cette époque que les quartiers du  Khan Khallili (le "souk des touristes" !) et d'El Azhar vont prendre forme autour d'un axe nord-sud : La sharia El-Mouiz.

Des portes monumentales (Bab) permettaient d'accéder dans la ville fortifiée.

Bab Zuweila est l'une des trois portes qui subsistent. Elle se trouve au sud de la sharia El-Mouiz. Récemment restaurée (avec des fonds américains), elle offre du haut de ses deux et superbes minarets jumeaux une vue incomparable sur le quartier, dont les mosquées toutes proches ainsi que le souk des tentes (kheyyameyya), marché couvert datant du XVIIème siècle.

C'est toujours impressionnant de grimper tout en haut de ces freles et centenaires tours de pierre : Malgré l'altitude fort raisonnable, j'ai quand à moi toujours un peu le vertige...

(Le Caire, octobre 2006)

Le "tarbouche" c'est l'autre nom du "fez" que l'on porte encore parfois dans certaines régions du bassin méditerranéen. C'est en 1838 que le Pacha Méhémet Ali abandonne définitivement le turban pour le tarbouche. Il fut alors le couvre-chef préféré des Egyptiens jusqu'au milieu du XXème siècle, adopté par l'ensemble de la population, des dirigeants aux petites gens en passant par les étrangers. Il a disparu à l'arrivée au pouvoir de Nasser en 1952 car il représentait un des symboles de l'ancienne royauté.

C'est près de la porte Zuweila, au abords du souk Kayyameyya (les fabricants de tentes) que l'on trouve un des derniers, et peut-etre le dernier, fabricant de tarbouche de la capitale (pour les touristes ou groom d'hotel !)

(Le Caire, 18 novembre 2006)

(Le Caire, 18 novembre 2006)

Le cartouche reste certainement le souvenir personnalisé le plus couru du Caire. C'est principalement dans les échoppes du souk Khan Khalili que les touristes du monde entier viennent le chercher. Des modèles ainsi que des hiérogliphes de toutes tailles sont en stock. L'artisan, depuis le temps qu'il pratique, connait déjà bien souvent la traduction de votre prénom. Il prend un modèle vierge et y pose délicatement les "lettres". Quelques secondes de chalumeau, un rapide bain d'acide puis il passe le cartouche à son jeune assistant. Lavage, polissage, c'est terminé. En moins de trois minutes, le souvenir est pret à emporter !

Si vous restez au Caire un peu plus longtemps, vous pouvez meme vous faire fabriquer des bijoux tels que vous les aurez dessiné. Or, argent ou pierres, le prix correspondra au poids en grammes de la matière première (majorée de presque rien), et non à celui du temps passé par l'artisan, ou de son habilité...

Pour le cairote "moyen" le nom de Mokattam évoque surtout la face noire, malodorante et cachée du Caire. C'est là qu'une population de 350 000 personnes, à majorité Copte, vivent du ramassage et du tri des ordures de la mégalopole tentaculaire : Les chiffonniers du Caire. C'est là que Soeur Emmanuelle a oeuvré durant tant d'année...

Le Mokkatam, c'est aussi un haut lieu de l'expression religieuse Copte. En contrebas des falaises de la colline se nichent plusieurs églises. Certaines impressionnantes, les autres seulement chapelles...

Chaque paroi de calcaire, dedans ou en dehors des églises, ne cesse d'etre sculptée de scènes pieuses et "parlantes" .

Le Livre sur les Murs...

Abou Rawash est le nom d'un complexe funéraire qui se trouve à quelques kilomètres des Pyramides de Giseh (près du Caire) et qui date de la meme époque. C'est en fait l'endroit qu'avait choisi le fils et successeur de Khéops, Djedéfré, pour y construire sa maison d'éternité. Cette pyramide de la IV dynastie (d'une taille semblable à celle de Mikérinos), qui fut achevée selon les spécialistes, est maintenant totalement arasée. en effet, le site qui comprenait diverses pyramides et autres temples et mastabas à été consciencieusement vidé de ses blocs de pierre jusqu'à l'époque romaine... Une phaaronique carrière...

Moins "sexy" que ses illustres voisines, cette "pyramide sans toit" interesse néanmoins les archéologues en leur apportant de précieuses indications sur les méthodes de construction. On peut apercevoir ci dessous l'emplacement ou était enterré la barque solaire...

Quand à nous, c'est surtout le prétexte à une petite ballade culturelle. C'est assez étrange de se retrouver dans une chambre funéraire à ciel ouvert ! De plus, depuis le site qui surplombe le Caire, c'est presque une dizaine d'autres pyramides que l'ont peut distinguer au loin.... 

"Toute prison à sa fenetre" (C. Gratiant)

En me promenant sur la toile, j'ai découvert ce site trés sympa : "Passion égyptienne". Conçu par Colette, éprise de l'Egypte, il propose certaines rubriques originales, comme l'histoire du vin en Egypte ou de nombreuses cartes postales début du 20ème siècle , comme celle ci de l'Ambassade de France :

Le second site que je vous recommande est celui d'  Alain Guilleux , un autre passionné. Il fourmille de photos d'endroits que je ne connais pas encore. Ce n'est qu'une question de mois :)